mardi 13 octobre 2009

Canal Lachine

L'eau est une des grandes richesses du Québec, elle est un facteur important pour le développement économique de la Province.

Le destin du Québec et plus largement du Canada est lié au fleuve saint Laurent. Un cours d'eau immense avec une histoire grandiose. Les grands fleuves sont souvent des poumons économiques très important. La vie s'articule autour et par les fleuves. La plupart des grandes villes se trouvent, soit à proximité de la mer / océan, soit d'un fleuve. L'accès fluvial, puis maritime est un point non négligeable pour l'économie d'une ville.

C'est par le fleuve Saint Laurent que les premiers découvreurs de la « Nouvelle France » ont pénétré en Amérique du Nord. Ainsi Jacques Cartier au 16ème siècle, a tenté de remonter le fleuve Saint Laurent pour trouver une route, un passage vers les Indes. Il n'a jamais trouvé de passage fluvial et ses successeurs non plus, car ils se sont tous heurtés aux rapides de Lachine près de Montréal, qui ont stoppé leur avancée.

Les rapides de Lachine

A l'époque des découvertes cet obstacle naturel, était gênant, mais pouvait être contourné par la terre, pour l'exploration. Mais quelques siècles plus tard, lorsque la ville de Montréal commençait à prospérer, et que les échanges commerciaux devenaient nécessaire, il a fallu trouver une solution.

Au 19ème siècle, le principal commerce était celui de la fourrure. Les marchands de Montréal souhaitaient faire de leur ville une des plaques tournantes du commerce de la fourrure en Amérique du nord, il fallait donc trouver une solution pour contourner les rapides, et ainsi ouvrir un point de navigation entre l'océan et l'intérieur des terres, vers les états-unis. Il est convenu de construire un canal qui permettrait de contourner les rapides. La construction débuta en 1821 sous la pression des marchands, et fut achevé en 1825. Résultat, un canal long de 14 kilomètres, avec 7 écluses, allant du port de Montréal au lac saint Louis.

L'île de Montréal. Canal Lachine et rapides en bas.


Dès son ouverture, le canal connaît un grand succès. Le nombre de navires qui l'empruntent septuple et celui des passagers quintuple entre 1825 et 1940. Les navires sont de plus en plus gros, et le trafic augmente tellement, qu'il est décidé d'élargir le canal. En 1929, on compte 15 000 bateaux par an qui transitent par le canal. Vers 1840, le canal est élargit, on en profite également pour réduire le nombre d'écluses à cinq.

Une des 5 écluses

Le but du canal Lachine est atteint, il est la porte d'entrée du réseau de canaux reliant l'océan Atlantique au cœur du continent. Le canal a été le précurseur de la révolution des transports au Canada, au début du XIXe siècle. Mais la construction du canal va entraîner d'autres conséquences qui seront très bénéfiques au développement de Montréal.

Berceau de l'industrialisation Montréalaise

Dans la première moitié du 19ème siècle, les activités industrielles canadiennes sont embryonnaires. L'expansion de la navigation et le premier boom des chemins de fer vont encourager le développement de l'industrie lourde et d'une multitude d'entreprises gravitant autour de la construction navale et ferroviaire.

Vers 1840, Montréal possède plusieurs atouts pour devenir un centre industriel important. Possédant l'un des principaux ports canadiens, cette ville est aussi le centre financier et commercial du pays. L'achèvement de la voie canalisée jusqu'aux Grands Lacs et le développement du réseau ferroviaire en font le carrefour des voies de transport.

L'énergie hydraulique

Entre 1843 et 1848 le canal est élargit, son débit est augmenté, ce qui permet l'utilisation d'une nouvelle source d'énergie: l'énergie hydraulique. On construit des roues et des turbines hydrauliques qui sont actionnées par l'eau, retenue en amont dans les écluses. L'énergie produite est mise à la disposition des industries. On peut considérer l'année 1848 comme le 1er « boom » économique de la ville de Montréal.

Les industries qui vont se développer sont assez traditionnelles, la meunerie, l'industrie du fer, l'industrie du bois. Ces industries sont prépondérantes, mais elles côtoient des nouveaux venus dans les domaines de la fabrication d'outils et de la transformation du caoutchouc et du coton.

La meunerie "Five Rose" (farine)

L'énergie hydraulique va être un facteur de développement important pour les industries. Vers 1887, les entreprises emploient au moins 2000 ouvriers. Elles consomment plus d'énergie que celle produite par la première centrale hydroélectrique construite à Niagara Falls en 1895.

Grâce au canal de Lachine, l'énergie hydraulique est devenue disponible à Montréal vers le milieu du XIXe siècle. L'énergie hydraulique est des facteurs qui a permis à Montréal de passer du négoce à l'industrialisation, en lui donnant une longueur d'avance sur les autres villes canadiennes.

L'industrie Montréalaise est prospère au 19ème siècle. Les 3 meuneries du canal Lachine totalisent 65% de la production de l'est du Canada, et les clouteries plus de 80%. L'entreprise de Frothingham & Workman se classe parmi les plus grosses usines d'outils de l'époque.

Au fil des décennies les entreprises vont connaitre une forte croissance, des fusions vont être faite, et certaines entreprises vont être mondialement reconnues. Par exemple, l'entreprise Ogilvie, après avoir racheté ses concurrents, devient la plus importante minoterie privée au monde.

De 1847 à 1945, le Sud-Ouest de Montréal renferme la concentration d'établissements industriels la plus diversifiée du Canada.

Le canal Lachine a eu une grande importance dans l'histoire Montréalaise, et canadienne. Il fut le berceau de l'industrie au Canada, de nombreuses compagnies dominantes à leur époque on vu le jour sur ses rives.

L'industrialisation du canal a eu un impact sur les quartiers voisins. En effet, le nombre d'entreprises et d'usine à attirer une main d'œuvre importante. Les ouvriers se sont installés près de leur lieu de travail, ce qui a donné naissance aux quartiers ouvriers, et permis le développement du sud ouest de Montréal.

Jusqu'à la moitié du 20ème siècle, le canal Lachine sera un axe privilégié d'industrialisation, dans ses meilleures années près de 15 000 navires empruntent le canal annuellement. Cependant, il va être victime de son succès et le il ne pourra plus répondre au besoin de développement industriel et urbain. Les navires se font de plus en plus imposants, mais le canal déjà agrandit 2 fois, ne peut pas l'être une 3ème. En 1959 sur la rive sud est construite, la Voie maritime du Saint Laurent. Le canal Lachine sera définitivement fermé en 1970.

Quel bilan de nos jours?

L'industrie est encore présente sur les bords ouest du canal Lachine, on dénombre 40 complexes industriels. 23 de ces complexes sont toujours en activité, et 12 dans leur vocation initiale. Un couloir routier et ferroviaire longe la rive nord du canal sur une grande distance, ce qui permet un autre mode de transport.

Le réseau routier qui passe aux abords du canal

Les quartiers ouvriers construits à côté du canal Lachine, sont aujourd'hui pour la plupart en reconversion pour devenir des quartiers résidentiels. Il fait bon vivre aux abords du canal Lachine.

Les nouveaux immeubles côtoient les anciennes cheminées d'usine...

Au niveau patrimoine, depuis 1997 un projet de revitalisation est en cours, l'objectif est la mise en valeur de ce lieu historique national témoin de l'importance de la navigation et de la canalisation et l'industrialisation dans l'histoire du Canada.

La restauration de la voie canalisée est aussi mise en route, et permettra d'ailleurs la réouverture du canal en 2002 pour la navigation de plaisance.

Je suis allée me balader en vélo le long du canal. En effet, une grande piste cyclable a été aménagée. La balade est très agréable, les abords sont bien aménagés avec beaucoup d'espaces verts.

Les abords du canal, sur la droite la piste cyclable

A la fin de la balade, nous sommes allées faire un tour au marché Atwater situé dans les anciens quartiers ouvriers. Ce marché a été construit en 1993, et propose un large choix de produits alimentaires québécois. Le marché Atwater est un marché couvert, comme la plupart au Québec, vu les conditions hivernales.

Marché Atwater


NB: Désolée pour la mauvaise qualité des photos, elles ont été prise avec mon téléphone.